28 juin 2019
Rêveur-aventurier, créateur-actif, décideur, fort car vulnérable, humain, lors de la Convention, Marc Thiercelin fait vivre l’expérience de la construction d’une équipe, réfléchir à la manière d’aider à révéler les autres et concrétiser ses rêves !
Proche du départ, je suis encore pris par le monde terrien. Les instants sont «absorbés» par des sollicitations de toute part. Ce qui nous traverse est matériel. Il faut solutionner de nombreux problèmes, techniques, humains, logistiques. Mais curieusement, je suis simultanément déjà parti dans la tête. Des mois, des années de travail ont précédé ce moment. La préparation est très longue et exigeante. Un navigateur qui porte ce type de projet doit fédérer une équipe pluridisciplinaire, connaître une quarantaine de métiers, tenir les délais, anticiper de très nombreux paramètres… Pendant ce temps-là, l’aventure est déjà présente puisque le projet nous habite intensément. Le moment du départ est lui, plus ambigu, c’est la fin d’une aventure, celle de la préparation est le début d’une autre. Plus intérieure.
Après le départ, quand les bateaux s’échappent, on se retrouve seul. Mais, le monde de la terre continue encore pendant quelques jours à occuper vos pensées. Les premières heures sont habitées par l’esprit des autres. Vers le quatrième jour, on commence à suivre son propre rythme plus en lien avec ce qui nous entoure. On crée le Temps. Avec ce temps-là, on s’appartient à nouveau. On crée un temps nouveau sur les 24 heures de la journée. Ce rythme est vital, il permet de conserver ses repères humains, de ne pas sombrer dans la folie.
L’océan n’est pas vide. Il se passe toujours quelque chose. Plongé dans la solitude, on fait le plein. L’esprit est occupé par des activités nouvelles et multiples. Faire la tactique, dormir par intermittence, sentir le bateau, observer la météo… On doit intégrer de nombreuses dimensions de l’humain pour tenir en milieu extrême quand le bateau est chahuté. Titouan Lamazou exprime très bien cela quand il dit qu’un homme seul, c’est l’humanité tout entière.
On revient avec le sentiment d’une force intérieure. En mer, on a solutionné seul de nombreux problèmes. On se découvre plus agile, plus courageux. On revient fort de cette connaissance de soi. Il a fallu repousser les limites. On revient en ayant « progressé ». On est en vie, et rempli d’envies. La mer nous apprend l’humilité et nous relie à l’humain. Le retour à la terre est une plongée soudaine dans le temps social. Un temps que l’on a envie à nouveau de remplir.
Je leur dirai « embarquez vos rêves ». Oui, à 20 ans, j’ai pu emprunter pour racheter une école de voile. C’était jeune, mais cela correspondait à mon état d’esprit, mener un projet en autonomie et diriger une école pour transmettre. Aujourd’hui cette aventure d’entrepreneur, je la vis avec le projet Flyboat de trimaran ultime qui embarquera un incubateur marin. Dans cet incubateur, nous embarquerons des rêves collectifs, une nouvelle manière de partager le « plein » de la mer et d’intégrer des innovations porteuses de nouveaux usages pour notre société. L’entreprise est une formidable aventure de l’autonomie et de la transmission. Pour entreprendre, il faut décider, innover, fédérer des énergies, passer des témoins. Aujourd’hui, je conseillerai aux jeunes qui désirent se lancer de ne pas s’enfermer dans des fonctions uniquement de management et de gestion. D’avoir toujours en tête que pour entraîner les hommes dans une aventure, l’agilité, la franchise et l’envie sont des valeurs clefs.
Marc Thiercelin, navigateur, entrepreneur, porteur du projet de trimaran ultime, créateur du fonds de dotation Or bleu autour de l’économie maritime et des métiers de la mer. Rendez-vous avec Marc Thiercelin le 19 et 20 septembre prochain à la Convention Apm.
© Emmanuelle Thiercelin
A la Convention, Embarquez vos rêves avec Marc Thiercelin – Jeudi après-midi – Univers Lac
copyright photo Emmanuelle Thiercelin