Sur les traces de Jules Verne : explorer l’Océan avec l’esprit d’entreprise

Interview de Romain Troublé, Directeur général de la Fondation Tara Océan et président de la plateforme Océan climat

Pourquoi l’exploration de la planète « mer » est-elle si importante ? 

Il faut se souvenir que c’est dans la mer qu’est apparue la vie. C’est bien là, dans ce grand inconnu, que nous pouvons trouver beaucoup de réponses aux questions majeures sur les enjeux sanitaires et écologiques. De l’observation de la mer surgissent des réponses aux résistances de certaines bactéries aux antibiotiques par exemple. 

Quels apprentissages tirez-vous de la navigation ? 

Jeune, je naviguais 300 jours par an en course principalement ou en préparation de course. Une cinquième dimension s’invite en mer : le vent en plus du temps, et de la géographie. Le vent est une dimension très forte, déterminante. Le vent, toujours dynamique, impose l’humilité, d’être à l’écoute sans relâche. J’aime lire le vent, les vagues, comprendre ce qu’il va advenir. Plus on navigue, plus on crée un rapport intime à cet élément, la mer. C’est en naviguant beaucoup que j’ai développé ce lien particulier. C’est vrai pour tous les marins. Il faut savoir écouter le vent, les vagues, les nuages, bref apprendre à mieux écouter la nature. 

A une époque où les grandes explorations maritimes sont peu répandues. En 2003 naît l’épopée de la Fondation Tara Océan.  Comment démarre le projet ? 

Pendant quarante ans, le commandant Cousteau a occupé une place si importante qu’à sa disparition, il laissa un grand vide. En 2003, il n’existe plus d’explorations scientifiques au long cours en mer. Dans ce contexte, agnès b. et son fils Etienne Bourgois portent la vision d’un projet pour partager la mer à nouveau. Ils font l’acquisition du bateau de Peter Blake sans projet tout tracé, mais il y a un désir profond porté par deux entrepreneurs et des valeurs fortes ancrées autour du partage et de la connaissance. Le projet de la Fondation Tara Océan est le résultat d’une formidable épopée qui repose avant tout sur ce socle : soutenir la connaissance et transmettre aux générations actuelles et futures.  

Pourquoi faut-il explorer l’océan ? 

L’homme a toujours ressenti un énorme besoin d’explorer ici et ailleurs, de comprendre la planète, son évolution, son impact sur nos vies. L’océan abritant 80% de la biosphère, il est clé dans cette histoire. Il faut absolument se mobiliser pour réduire les impacts du changement climatique et de nos pollutions sur l’océan, sur sa biodiversité. Nous trouverons  en mer des trésors de la vie, des solutions pour de nombreux défis de santé, pour une nouvelle industrie bio-inspirée. Nous y trouverons aussi des réponses pour le stockage naturel du carbone, et une part de rêve aussi, moteur de toute ambition collective. 

(1)  La plateforme Océan climat regroupe 104 institutions, entreprises, associations, fondations autour d’un plaidoyer pour la place de l’océan au sein des enjeux climat et biodiversité.