Bien vivre

Emmanuel VERGEZ, libre penseur et entrepreneur dans les quartiers Nord de Marseille

6 mai 2019

L’Apm, un espace d’échanges, loin de la pensée unique

Je suis rentré à l’Apm pour être bousculé et sortir de ma zone de confort.  Loin d’être un lieu de pensée unique, l’Apm permet de partager des idées différentes sous le regard et l’impulsion d’un expert, explique Emmanuel Vergez, PDG de COLOR FOODS.

Vous évoquez l’entreprise comme une aventure humaine plus qu’un patrimoine, comment cela se traduit au quotidien ?

Je ne partage pas la vision patrimoniale de certains dirigeants. Si certains se plaignent d’avoir à gérer et manager des personnes, j’y trouve moi le cœur et l’essence de mon engagement. Vivre l’aventure humaine de l’entreprise, c’est avant tout partager une histoire humaine avec ses salariés. J’aime m’occuper des autres. S’occuper des autres revient à s’occuper de soi et des personnes épanouies sont plus efficaces et motivées dans leur travail : tout le monde est donc gagnant. Chaque jour, mon objectif est de favoriser une ambiance agréable, permettant à tous les collaborateurs de s’exprimer et de s’épanouir. Ainsi, le respect, la solidarité et la communication sont des valeurs importantes au quotidien.

Recruter dans les quartiers nord de Marseille est-ce facile ?

Il est essentiel de donner sa chance à tout le monde. Etre capable de passer sur la première impression pour s’intéresser au fond de la personne est essentiel. Il y a ainsi souvent une dissonance entre la personne telle qu’elle est dans le fond et ce qu’elle montre au premier abord. S’il y a agressivité, il faut apprendre à aller plus loin pour mieux connaître la personne. Très vite, on se rend compte qu’une fois que la confiance est là, le respect va de soi.  En tant qu’employeur, je m’attache au fond mais pas à la forme. Et puis, il y a souvent de fausses croyances sur les quartiers à Marseille ou des représentations sociales qui n’ont pas lieu d’être. Ici comme ailleurs, on cherche du travail et on a envie d’avoir un emploi.

Comment est né cette fibre sociale que l’on sent chez vous ?

Je crois que j’étais un cancre et que j’ai pu apprécier d’avoir eu ma chance à un moment où tout était en devenir. Cela développe des qualités humaines. Tout est parti d’un mensonge. Jeune, j’étais fou de planche et sans rien dire à mes parents, j’ai fait passer le sport avant mes études. Ils m’ont mis à la porte. J’ai du apprendre à me débrouiller seul. J’avoue ne pas avoir eu une grande affection pour l’école car j’étais hors norme et ce cadre là contraignant m’avait clairement fait perdre confiance en moi. Et puis, à l’école, on vous met une étiquette de cancre qui vous suit. Mis à la porte, j’ai du trouver rapidement un stage. A l’époque, IG Informatique m’a donné ma chance et a accepté de me prendre en stage non rémunéré. Ensuite j’ai intégré l’entreprise alors que je n’avais aucune formation. Cette entreprise a ensuite été rachetée par GSI où j’ai poursuivi ma carrière. Ces opportunités m’ont donné confiance. Ma femme m’a aussi beaucoup aidé tout au long de ce parcours à avancer.

Cette histoire de vie a probablement contribué à développer chez moi un amour du lien avec les autres et une bienveillance naturelle avec mes collaborateurs.

Comment êtes-vous devenu chef d’entreprise ?

Color Foods est un retour aux sources. COLOR FOODS s‘appelle la Compagnie des Oasis de L’Oued Rhir. L’entreprise produisait des dates en Algérie. Pour les commercialiser, il fallait les trier, les conditionner et les distribuer.  L’entreprise s’est donc développée à l’Estaque en grande proximité avec le Port de Marseille. L’entreprise a une longue histoire. Elle a été créée par la famille Dewavrin à Marseille. Puis l’actionnariat s’est élargi à ma famille. C’est au départ de M. Dewawrin que je reprends l’entreprise avec mon frère. Ce retour aux sources me permet de vivre la vie d’entreprise en mettant le lien humain au cœur de la vie d’entreprise.

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