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Parole d’entrepreneur sur la crise : Pierre-Yves Pasquier, Comerso : l’importance de l’humain. C’est la richesse vitale de l’entreprise.

8 septembre 2020

En quelques mois, notre plateforme de solidarité reliant les associations caritatives et les entreprises alimentaires (industriels et distributeurs) a permis de servir plus de 400 000 repas.

Comerso met en relation les entreprises alimentaires et les associations caritatives. Elle anime la chaîne de solidarité pour fournir des repas aux plus précaires. En mars dernier, en 24 heures, cette chaîne de solidarité était rompue. D’un côté, il y avait une pénurie des denrées de première nécessité, de l’autre de très nombreuses associations étaient contraintes à la fermeture. Nous voulions être acteurs de la remise en route de la chaîne de solidarité.

Qu’as-tu appris sur toi pendant la crise du Covid-19 ?

J’ai mis du temps à mettre des mots sur cette question. Je pense que nous avons tous des ressources intérieures insoupçonnées en terme d’abnégation et de capacité de travail. Les crises révèlent ce potentiel en nous. Ce qui ne tue pas rend plus fort. C’est rassurant et cela invite à l’humilité et à la remise en question.

Depuis cette crise, nous savons que tout peut changer, tout peut être différent. Un apprentissage peut-être : je ne savais pas que je pouvais gérer mon entreprise à distance et sans déplacement. J’ai pu mesurer que c’était possible.

Qu’est-ce que la crise t’a appris sur ton équipe et ton entreprise ?

Je connaissais la capacité d’adaptation de notre collectif au quotidien mais je ne soupçonnais pas une telle robustesse de l’équipe et de l’entreprise. Avec la crise, tout était remis en question, notre organisation personnelle et professionnelle. Nos rythmes et nos habitudes étaient cassés subitement. Nos repères ont volé en éclat. En 48 heures, 50 % de l’activité était à l’arrêt et en 4 à 6 semaines, on a pu reprendre 80 % de l’activité progressivement. L’équipe s’est adaptée pour trouver des solutions. L’attachement viscéral de l’équipe à la mission de l’entreprise a sauvé l’activité. Le sens de cette mission se vit profondément.

Cela me rend serein pour la suite. L’équipe a eu l’audace de tout remettre en question sans se préoccuper du passé. On était focus pour passer les obstacles. A chaque étape, on a rationalisé les problèmes, inventé des solutions alternatives. Dans la forme, nous avons échangé avec plus de simplicité et de pragmatisme qu’avant. Nos prestations ont évolué au fil du temps en fonction des considérations vitales pour les clients et l’entreprise. En quelques mois, notre plateforme de solidarité reliant les associations caritatives et les entreprises alimentaires (industriels et distributeurs) a permis de servir plus de 400 000 repas.

La crise sanitaire va générer une crise économique qui va engendrer une crise financière et écologique. L’ancien modèle est basé sur toujours plus de production alors que nos ressources sont épuisables. Dans le futur, seules les entreprises résilientes vont perdurer. On ne pourra plus fonctionner comme avant. On doit raisonner en tenant compte de notre utilité pour le monde. La politique RSE doit se transformer en véritable stratégie RSE basée sur des actes et des faits, du concret.

Les bonnes pratiques mises en place pendant la crise que tu souhaites garder

A force de vouloir tout améliorer dans une entreprise, tu complexifies sans te rendre compte. Nous avons mis en place la méthode agile dans l’entreprise depuis deux ans. On s’appuie sur le chamallow challenge. Cette méthode a très éclairante. Elle permet de gagner en simplicité et en efficacité. De gagner en vitalité.

Ton mot de la fin : L’importance de l’humain. C’est la richesse vitale de l’entreprise.